Publié le 20 janvier 2025

L’histoire fascinante du carnet de timbres

En collaboration avec le musée de La Poste

Le carnet de timbres, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est le fruit d’une longue évolution marquée par l’histoire et les besoins de la société.

Son origine remonte à 1906 en France, où il répond à un défi très concret : faire face à l’explosion du volume de courrier et réduire les files d’attente dans les bureaux de poste. Inspiré par des pays pionniers comme le Luxembourg (1895) ou les États-Unis, ce petit objet se voulait pratique, permettant aux usagers d’avoir plusieurs timbres à portée de main. Cependant, ses débuts sont timides : jugé trop cher et encombrant, il peine à convaincre. Des essais de formats plus petits entre 1911 et 1918 échouent également.

C'est dans les années 1920 que le carnet connaît une transformation majeure. Il devient un support publicitaire sous l’impulsion de Carlos Courmont, imprimeur visionnaire. D’abord monochromes, les couvertures de carnets évoluent vers des illustrations polychromes grâce à des financements d’entreprises. Ces publicités reflètent alors les goûts d’une société en pleine modernisation. Les thématiques dominantes incluent la santé (produits pharmaceutiques, antiseptiques), l’automobile (voitures, accessoires, carburants), le tourisme (stations thermales, destinations lointaines) et les grands magasins parisiens. À cette époque, plus de 1 500 couvertures publicitaires sont réalisées, certaines devenant de véritables œuvres d’art.

carnet de timbre

Le carnet de timbres ne se limite pas à son rôle utilitaire. Il devient un miroir de la société de consommation : les réclames valorisent l’évasion, la modernité et le progrès. Par exemple, après la Première Guerre mondiale, l’automobile s’impose comme un symbole de liberté, et les publicités associées séduisent une population avide de nouveauté.

De même, l’essor des loisirs dans les années 1930, soutenu par les congés payés, stimule les campagnes promouvant les voyages et le thermalisme, avec des destinations comme Vichy ou Bussang.

À partir des années 1950, les transformations sociales et technologiques influencent l’évolution des carnets.

La Poste installe des distributeurs automatiques, nécessitant des formats plus adaptés : carnets petits et rigides pour les automates, plus grands pour la vente aux guichets.

Les publicités disparaissent progressivement au profit de conseils postaux.

A la fin des années 1980, le carnet s’adapte encore avec l’introduction des timbres auto-adhésifs, simplifiant leur utilisation.

Les années 2000 marquent une nouvelle ère. Le carnet devient un objet artistique et culturel.

En plus des carnets d’usage courant, La Poste développe des éditions commémoratives ou festives. Les thèmes sont variés : naissances, mariages, saisons, personnages célèbres, et même la bande dessinée. Ces créations séduisent aussi bien les collectionneurs que le grand public, renforçant l’attrait du carnet comme support artistique.

Aujourd’hui, le carnet de timbres allie fonctionnalité, esthétisme et valeur symbolique. La Poste propose une grande diversité de thèmes chaque année, célébrant des événements marquants ou des causes, comme les timbres Croix-Rouge. Ces carnets, avec leurs formats modernes et leurs illustrations soignées, témoignent de l’histoire, des tendances et des évolutions de la société française depuis plus d’un siècle.

  1. (1)Les visuels des carnets présentés proviennent des collections du musée de La Poste. Le musée de La Poste présente une exposition sur les carnets de timbres du 31 janvier 2024 au 13 octobre 2025

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