Beaucoup l’affirme, et l’explosion du secteur leur donne aujourd’hui raison, l’avenir sera numérique. Or, étrangement, le nombre de femmes travaillant dans le numérique a été divisé par deux en 30 ans (lire l'étude de l'INSEE). D’où une question, faussement naïve : pourquoi les femmes laissent aux hommes le champ libre pour décider de l’avenir ?
On pourrait dire qu’on ne leur laisse pas le choix. Que l’on dresse devant elles des obstacles qui les dissuadent de se porter sur le secteur du numérique. Il est vrai qu’aujourd’hui seulement 9% des start-up sont dirigées ou fondées par des femmes et, fait significatif, elles rencontrent plus de difficultés à obtenir des financements. Il est donc probable que des facteurs d’exclusion sont à l’œuvre…
Mais cela n’explique pas tout. Des stéréotypes sociaux, partagés par les hommes et les femmes, produisent des effets sur les choix professionnels des uns et des autres, sous forme d’encouragement d’un côté et d’(auto)exclusion de l’autre.
Ces stéréotypes sociaux s’appuient sur des figures emblématiques, comme le nerd, popularisé dans les années 80, dont le geek actuel est la version édulcorée : technophile, peu soucieux de son apparence, ne communiquant qu’avec ses semblables… il n’est définitivement pas de sexe féminin. Or c’est lui qui a façonné le « standard » du développeur informatique tel qu’on le voit partout aujourd’hui, avec un message subliminal adressé aux femmes : « ceci n’est pas votre univers ».
On pourrait se prêter au jeu des associations et se demander à quel sexe on attribuerait plus volontiers les mots virtuel, immatériel, conceptuel, abstrait… Y répondre, c’est commencer à comprendre pourquoi si peu de femmes poursuivent des études en physique, mathématiques ou informatique, du moins en Europe et aux USA (lire l’étude de l’Unesco).